Quelques semaines plus tard, le jeune homme qui avait lancé l'idée du puits reprit la parole.
Il nous faut une pompe pour qu'on n'ait plus à remonter l'eau à la main, seau à seau. Le puits est très profond.
Oui, mais une pompe, ça coûte cher et on n'a pas de quoi s'en payer une.
Alors, il faut qu'on se cotise tous. Chacun met ce qu'il peut. Avec une pompe, on pourrait arroser un peu plus les cultures et on pourrait vendre les légumes au marché.
Les discussions allèrent bon train et l'homme vit à nouveau grandir le halo vert, au fur et à mesure que l'argent était collecté. Il ne manquait plus que cent dirhams. C'était à la fois peu d'argent mais beaucoup trop car les gens ne pouvaient plus rien donner. Le découragement grandit et l'homme vit le halo vert devenir de plus en plus sombre. C’est là qu’il comprit vraiment, sans le moindre doute, que la lumière verte, ce halo vert, c’était l'espoir. Lui, l'homme aux cheveux roux, pouvait voir l'espoir. Il donna les cent dirhams et la pompe fut achetée. Quand, tout le monde se réunit pour voir la première eau couler, le village était d'un vert intense et lumineux.
L'homme aux cheveux roux ne parla à personne de ce qu'il voyait, mais petit à petit, les gens vinrent le consulter, comme attirés par un aimant. Les bruits coururent qu'il savait prédire l'avenir.